Sophie Képès est écrivain et traductrice du hongrois. Sous son nom et sous le pseudonyme de Nila Kazar, elle a publié une dizaine de romans et recueils de nouvelles. Son livre Un café sur la colline se passe à Sarajevo dans les années 1990, la ville est assiégée et Nila, journaliste, s’y rend pour participer au tournage d’un film documentaire. Le roman vaut pour ce qu’il raconte, mais également pour la manière dont il raconte en alternant narration et fragments de textes divers (articles, poèmes, histoires, etc.) qui confèrent à l’ensemble une profondeur et obligent le lecteur à réfléchir sur ce qu’il est en train de lire. Car il importe de retrouver le sens des mots. Et c’est bien ce qui amène le personnage de Nila dans cette ville :
« Les mots ! D’abord les pousse-au-crime les avaient vidés de sens, gavés de haine ; puis la presse les avait distordus, rabougris ; enfin la diplomatie les avait trafiqués, pervertis – bref, chacun avait rempli son rôle… Mais à un degré si intolérable qu’elle avait été obligée, absolument obligée de réagir. Si elle laissait faire, bientôt elle-même n’oserait plus se servir de ces mots contaminés pour rapporter des faits véridiques tout en les élevant à la dignité de contes – ce qui résumait l’idéal qu’elle poursuivait, toute humilité gardée. (…) Tout le reste n’était que prétexte : le tournage du documentaire, le reportage littéraire, les interviews… prétexte ! »
En 2007, à l’occasion de la parution de Un café sur la colline, j’ai reçu Sophie Képès et le peintre croate Srecko Boban dans le cadre d’un café littéraire. Pendant que l’une parlait de son livre et en lisait des extraits, l’autre réalisait en direct face au public une toile en résonance avec la parole et les mots de l’auteur. Ci-dessus une reproduction de la toile.
À lire également de Sophie Képès son dernier recueil de nouvelles Le fou de l’autre, drôle et touchant. Et puis, pour en savoir plus sur l’auteur et son œuvre, visiter son site Internet : www.enfantsdeboheme.com
Dernière publication, première non-fiction : Probe et libre, un écrivain juré d’assises. Cent ans après André Gide, la même expérience, et là aussi une réflexion sur ce que c’est que juger autrui, sur son propre rapport au châtiment, sur la valeur de la parole en l’absence de preuves concrètes… Parution le 3 octobre 2013 aux Editions Buchet-Chastel.
Ensemble, nous avons collaboré à plusieurs ateliers d’écriture et piloté divers projets, dont un en partenariat avec le Synchrotron Soleil sur le thème Écrire (avec) la Science qui impliquait pas moins d’une dizaine d’établissements scolaires et autant d’écrivains. Jusqu’à ces derniers temps, nous partagions un cours d’écriture créative à l’université de Paris 3 Sorbonne Nouvelle.