Vers la mer

Chant d’amour et d’adieu
Récit

Éditions Rhubarbe 2015
Illustration de couverture : Vitrail de Gérard Garouste (détail)
Préface de Marcelline Roux

Couverture de "Vers la mer"

Quatrième de couverture

« Quel que soit le paysage que nous traversons, tu t’extasies devant la beauté des choses, la qualité de la lumière, la richesse des couleurs, la majesté des arbres. Tout te ravit, tout te fait plaisir, tout t’enchante : tu regardes le monde non comme si tu savais devoir trop tôt le quitter mais avec les yeux de la première fois. Parfois tu dis le temps pourrait s’arrêter là, mais chacun de nous sait l’impossible de la chose, car rien n’est inerte, pas même la plus dense des pierres, aussi nous avançons et avancerons comme il le faut, jusqu’à l’embouchure du fleuve, jusqu’à la mer… »


Premières pages

Nous descendons maintenant le fleuve presque impassible qui traverse les vastes plaines céréalières du pays, blé à perte de vue et orge aussi dont j’aime à contempler l’ondulation à la moindre brise. Tu te reposes sur le pont, dans un espace clos de verre qu’un toit escamotable peut recouvrir en cas d’ondées, mais ce ne sera pas pour aujourd’hui, le ciel est clair, gris perle mais dégagé comme si tout ce qu’il contenait de sombre avait été repoussé au plus loin, chargeant l’horizon à l’est, là où pointe la proue de notre bateau. Tout à l’heure, à ce ciel gris nous opposions le souvenir d’un azur dans lequel tournoyaient des dizaines de vautours, c’était quelque part en montagne, aucun de nous ne se souvenait ni du lieu exact ni de la date précise, nous marchions sur des sentiers escarpés, levions les yeux à chaque moment de pause pour observer les rapaces, émerveillés par leur élégance en vol quand nous les savions, à l’instar de l’albatros, si lourds et laids au sol. Il est certain que nous n’en reverrons pas ici, tout au plus quelques buses et faucons, peut-être aussi quelques milans hélas aux abords des décharges en plein air.


Coupures de presse

« J’ai lu, dès réception, Vers la mer, le nouveau livre de Jacques-François Piquet paru aux Éditions Rhubarbe. Œuvre magnifique de bout en bout et à plus d’un titre. (Marcelline Roux propose une préface « Un galet à polir » qui est elle-même extraordinaire − qualité de perception et de langue, à la hauteur du récit). Jacques-François Piquet réussit avec ce récit un « chant d’amour et d’adieu » comme il en existe peu dans la littérature. Aucun pathos, aucune morbidité mais tout ce qui, sur un réel de douleur et de souffrance, compose un chant : l’acceptation sans résignation, le partage, l’émerveillement, l’accompagnement, sans oublier la part de merveilleux qui soulève l’âme. Ah, cette toute fin qu’il donne au voyage « vers la mer » ! » (… /…)
Marilyse LEROUX
Revue Texture


« Vers la mer, Chant d’amour et d’adieu offre au lecteur une expérience autobiographique et profondément touchante du « carpe diem », rapprochant au plus vif le sensible et le texte. L’auteur nous fait entre dans le poème comme dans l’eau du fleuve, par continuité du geste, d’une part : la nage, le corps descend à l’eau pour éprouver sa sensation vivifiante, et puis pour mourir ; par continuité du texte, d’autre part ; les caractères droits passent aux italiques sans transition, les uns saisissant, (ac)cueillant les autres, récit et citations poétiques interférant, écrivains dialoguant dans un saisissant effet de présence-absence. De la même façon, l’homme et la femme du récit sont-ils pris dans des miroitements et des réminiscences, se parlant jusqu’à l’extrême de leur chant d’amour. C’est aussi une façon de s’inscrire au cœur même du processus de la vie et de la mort à l’œuvre qui « est d’un bleu assez dense », comme le ciel et comme un Nicolas de Staël dont la référence réitérée accompagne les pages, les émotions, l’existence ténue, la mort prévisible. » (…/…)
Chantal DANJOU
Revue Concerto pour marées et silences


C’est un livre élégiaque, et doux, et beau. Écrit avec beaucoup de finesse et de délicatesse. Le sous-titre cerne bien le propos : Chant d’amour et d’adieu. Jacques-François Piquet raconte en onze chapitres, et autant de jours, ce voyage fluvial en bateau qui mènera sa femme Jacqueline vers la fin. Le fleuve ralentit le temps, la traversée des terres enchante par ses paysages changeants, ruraux aussi bien qu’urbains, ses salutations de ponts, ses ciels variés de peintres, ses soleils caressants. « Nous vivons sans heures, me dis-je, mais vivons-nous encore ? » 
Lui est toujours présent, prévenant, attentif. Elle est de plus en plus fragile, affaiblie, fatiguée… « Je me sens déjà tellement loin de tout, dis-tu dans un souffle ». Les deux destins, après un long chemin parallèle, se croisent définitivement. Il y a de l’amour avant tout, de la tendresse, une complicité d’amants de longue date. De la douleur ici, mais cachée, rentrée et de la sollicitude, là, mais discrète et légère, malgré la crainte et le doute. » (…/…)
Jacques MORIN
Revue Décharge


« Attention merveille. Merveille de délicatesse, de pudeur, d’amour fou caché sous l’entrelacs des mots simples, de tendresse exquise et d’adieu déchirant. Un couple embarque pour un dernier voyage, l’un des deux ne reviendra pas et sur l’esquif dont on ne sait s’il est réel ou métaphorique, ce couple qui se défait par l’abandon des forces, par l’essoufflement de la vie, réaffirme son lien éternel jusqu’à l’engloutissement du corps aimé par l’eau. Ce rituel connu depuis les temps immémoriaux (barque des défunts de l’Égypte ancienne, barque-tombeau des rois vikings…) devient ici poignant tant le récit du survivant, chargé d’accomplir ce qui apparaît comme l’envers d’un baptême, est dénué de pathos et de fait émeut aux larmes. Magnifique… »
Emmanuelle DE JESUS
Bourgogne Magazine (janvier-mars 2016)